Imprimer cette page

Papiers Hyacinthe Loyson Inventaire complet (pdf)

Fermer le formulaire de recherche

Présentation du fonds

-+
  • Nom du producteur
    Loyson, Charles (1827-1912), dit le Père Hyacinthe
  • Présentation du producteur

    Charles Loyson [...] est né à Orléans le 10 mars 1827. Il passa son enfance dans la ville de Pau où son père fut recteur de l’Université. Entré à 18 ans à St-Sulpice, il fut ordonné prêtre le 14 juin 1851 puis devint moine prêtre dans l’ordre des Carmes déchaussés. Connu en religion sous le nom de Frère Hyacinthe de l’Immaculée Conception et supérieur du couvent que son ordre possédait à Paris, le Père Hyacinthe fut avant tout prédicateur. Il prêcha, entre autres, durant cinq ans (1864-1868) dans la chaire la plus prestigieuse de France, Notre-Dame de Paris, où il fut la voix du libéralisme par le biais de ses conférences modernistes. Un peu prophète, théologien aux intérêts multiples, homme de grande foi, il fut un personnage de premier plan dans l’histoire du vieux-catholicisme (ou catholicisme-libéral) en devenant le premier curé vieux-catholique de Genève en 1873 avant de terminer sa vie comme pèlerin d’une foi universelle à travers le monde.
    Les années 1868-1872 furent pour lui celles du combat spirituel. Le 24 juin 1869 le Père Hyacinthe Loyson s’opposa publiquement à l’annonce de la tenue du premier Concile du Vatican qui devait se prononcer sur l’infaillibilité papale. L’orateur, déjà convoqué par Rome pour ses prises de position, fut alors blâmé par son supérieur. Le 20 septembre 1869, le Père Hyacinthe Loyson éleva encore une solennelle protestation contre les déviations de l’Eglise romaine. Il écrivit une lettre au supérieur provincial, publiée dans i[Le Temps]i et dans i[Débats]i. Il y faisait part à ses chefs de sa décision de rester envers et contre tous fidèle à la cause de la paix et demandait son éloignement jusqu’au Concile. La réponse lui parvint le 30 septembre: considéré comme un apostat et excommunié, il reçut une note d’infamie.
    Il reprit alors le nom de Charles Loyson et alla habiter chez sa mère et ses soeurs. Il voyagea en Amérique du 9 octobre au 11 décembre pour y étudier le protestantisme libéral. Le 20 décembre 1869, tous ses proches furent excommuniés par effet d’une bulle papale. Du 29 avril 1870 jusqu’à mi-mai, il voyagea en Allemagne (Heidelberg, Munich). Le 7 mai 1870, il écrivit à l’archevêque de Paris pour lui demander d’être délié de ses engagements monastiques.
    Charles Hyacinthe Loyson fit le 30 juillet 1870 une déclaration fracassante contre le «prétendu dogme de l’infaillibilité du pape» proclamé par Pie IX et le Concile du Vatican le 18 juillet 1870. D’autres membres du clergé s’associèrent à cette protestation. Ayant rompu toute attache avec l’Eglise de Rome, il adhéra le 1er juin 1871 à l’Eglise gallicane (appellation française de l’Eglise vieille-catholique [On parle aussi de Catholique chrétien]) et devint curé d’une paroisse. Par humilité il refusa toujours l’épiscopat, comme il l’avait auparavant refusé de l’Eglise romaine. Ne pouvant exercer publiquement en France en vertu du Concordat de 1801, Hyacinthe Loyson s’exila en Suisse, après avoir épousé Emilie Meriman [On trouve parfois l’orthographe Emily Merimann] à l’âge de 45 ans. Il avait rencontré sa future femme dans un parloir du couvent de Passy le 17 juin 1867, puis l’avait revue en 1868 à Rome, dans l’église St-Louis-des-Français.
    Emilie-Jane Butterfield est née à Oswego (New York) le 2 juin 1833. Elle avait été déjà mariée en 1851 au capitaine Edwin R. Meriman, à Bucyous (Ohio) dont elle eut deux enfants [Ralf né le 21 février 1854 et Mary (1859-1864)]. Le capitaine Meriman décéda le 18 octobre 1867, alors qu’elle était en Europe. Elle apprit la nouvelle le 3 mars 1868.
    C’était une écrivaine américaine, correspondante d’un journal de New York. Comme elle était protestante, le Père Hyacinthe Loyson l’encouragea à se convertir au catholicisme, ce qu’elle fit le 13 juillet 1868. Le prêtre et l’homme se déchiraient en lui, mais à aucun moment il n’eut le sentiment d’être dans le péché. Son amour s’imposa à lui comme une expérience religieuse, une révélation chaque jour nouvelle du monde et de Dieu. L’amitié toute spirituelle des débuts, se transforma en amour vécu comme une alliance mystique. Ils eurent la sensation de travailler avec l’aide de Dieu à la naissance d’une église nouvelle. La bénédiction nuptiale leur fut donnée par Mgr Passavalli [Luigi Puecher-Passavalli], archevêque d’Icône [ou Iconium ou Koniah en Asie Mineure], en mai 1872 puis ils se marièrent civilement à Londres le 3 septembre de la même année. Ils eurent ensemble un fils, Paul-Hyacinthe Loyson né le 19 octobre 1873, qui devint poète et dramaturge et mourut en 1921. À Genève, ils s’établirent à Cologny dans la petite campagne de Traînant mise à disposition par William Turrettini, puis habitèrent un appartement loué dans le quartier de la Cluse.
    Le mouvement politico-religieux qui prit le nom de «Kulturkampf», provoqué par les décisions du Concile de Rome, avait aussi gagné la Suisse. Antoine Carteret en était le chef à Genève. Il fit appeler Charles Loyson comme curé de la paroisse catholique-libérale de Genève en 1873. Celui-ci donna pendant quelques mois des conférences qui eurent beaucoup de succès. Le premier discours eut lieu le 18 mars 1873 à la Salle de la Réformation, puis d’autres conférences suivirent de mars à août de la même année. De 1873 à 1874 Charles Hyacinthe Loyson fut donc curé vieux-catholique à Genève. Il célébrait chaque dimanche matin un service religieux dans… l’ancienne salle de la bibliothèque du Collège Calvin que la Bibliothèque de l’Académie venait de quitter pour le bâtiment des Bastions.
    Charles Hyacinthe Loyson introduisit plusieurs innovations dans le vieux-catholicisme: réforme du mariage, liturgie en langue nationale, liberté de confession. Le dimanche 26 octobre 1873, le Temple de St-Germain fut offert aux vieux-catholiques. L’adhésion de Charles Hyacinthe Loyson à la nouvelle organisation ecclésiastique donnait à celle-ci une grande force, mais il y eut très rapidement, dès 1874, des tensions. Moins de deux ans après son arrivée à Genève Charles Hyacinthe Loyson se sépara avec éclat des chefs officiels de la réforme catholique à Genève. Il s’en ouvrit très nettement à Antoine Carteret. Il exposa ses motifs dans une lettre aux journaux. Le 4 août 1874 il présenta sa démission. [...]
    Charles Loyson retourna à Paris en mars 1878 afin d’essayer de redonner de l’élan à l’Eglise gallicane qui avait beaucoup perdu de son prestige et menaçait de s’éteindre. Une première chapelle fut inaugurée et s’avéra rapidement incapable d’accueillir les fidèles. Un autre lieu de culte fut ensuite aménagé à Neuilly. Le Père Hyacinthe se démit de toutes ses fonctions le 3 mars 1893.
    Charles Hyacinthe Loyson était un orateur prestigieux. Les qualificatifs utilisés par ses contemporains pour décrire son art oratoire et son charisme sont dithyrambiques. Son éloquence tenait sous le charme ses auditeurs enthousiasmés: magnificence du verbe, orateur plein de feu, magie des mots, tempête noyant les coeurs sous des torrents d’émotion, puissance de voix et de prédication, voix profonde, parole onctueuse et souple, profil de médaille, foi ardente, passage de la contemplation extatique aux foudres terribles de la réprobation vengeresse. Cet homme, prêt à braver l’opinion et d’une intelligence supérieure, aurait dû rencontrer plus de succès dans son projet de réforme catholique. Il avait reçu encouragements et sympathies tant de pasteurs protestants que – secrètement – d’une partie du clergé romain. La réforme ne se déroula pas selon ses aspirations. Charles Hyacinthe Loyson n’était ni un homme d’action ni un organisateur. Doté d’une nature incandescente, impulsif, il était plus poète que diplomate, doux et conciliant, épris par-dessus tout de concorde. Trop hardi pour le vieux catholicisme, trop timide et conservateur pour le protestantisme.
    Le 12 novembre 1902 il donna une dernière prédication à St-Germain, puis prêcha encore le 2 août 1903 à l’Eglise épiscopale américaine de Genève. En 1908 Charles Giron fit son portrait. Ce tableau est conservé au Musée d’Orsay à Paris.
    À 83 ans, après le décès récent de sa femme, il partit habiter à Paris auprès de son fils Paul-Hyacinthe Loyson. Il venait tous les étés en Suisse, pays qu’il aimait pour la liberté de ses institutions. À Genève, il vivait de longs mois dans une modeste chambre d’étudiant rue du Conseil Général, quand il n’était pas à la Solitude, la résidence d’été de son fils à Veytay, entre Versoix et Coppet.
    Tombé malade des suites d’un refroidissement, il décéda le 9 février 1912 chez son fils, rue du Bac. Ses obsèques eurent lieu au temple de l’Oratoire à Paris, devant une grande foule et des représentants de plusieurs confessions. Sa tombe se trouve au Cimetière du Père-Lachaise (Division 25).
    En 1928, à l’Eglise St-Germain, on inaugura un médaillon de bronze le représentant. Un Comité international pour un monument au Père Hyacinthe avait été fondé en 1912, la Ville accordant gratuitement, rue des Granges, un emplacement pour adosser un haut relief commémoratif. Mais le projet n’aboutit pas à cause de la Première guerre mondiale et du décès de plusieurs membres du comité. L’idée fut reprise en 1927 afin de célébrer le centenaire de Hyacinthe Loyson à St-Germain. Un médaillon fut réalisé par James Vibert, ami de la famille Loyson. [...]
    (Marie-Pierre Gilliéron-Graber, "Un prêtre marié à la BPU: Charles Hyacinthe Loyson", In : Bibliothèque publique et universitaire, Bibliothèque musicale, Institut et Musée Voltaire, Rapport annuel 2004, Genève, 2005, pp. 43-46)
    Quelques éléments généalogiques : Charles Jean-Marie dit le Père Hyacinthe est le fils de Louis-Julien Loyson (1792-1852), professeur, inspecteur et recteur de l’Académie de Metz et de Pau et de Pauline née Burnier-Fontanel. Celle-ci était en réalité tombée amoureuse de son frère appelé Charles (1791-1820), poète décédé trop tôt. C’esst aussi la raison qui a poussé le couple à baptiser leur premier enfant du nom de l’un de ses oncles.
    En remontant aux grands-parents de Charles le futur Père Hyacinthe, nous trouvons Julien-François Loyson et Théodose Sainte-Donatienne le Suc (décédée à Orléans le 28 septembre 1846). Ils eurent 5 enfants : le poète Charles (1791-1820), le professeur Louis-Julien, le médecin Jules, le soldat Théodose et Eugénie restée célibataire.
    Louis-Julien Loyson et Pauline Burnier-Fontanel eurent à leur tour cinq enfants. Charles (1827-1912) futur Père Hyacinthe, Jules-Théodose (1831-1902), chanoine professeur é la Sorbonne, Eugénie Marie (décédée en 1917) qui épousa Paul Dusire, trésorier de l’Ecole de Saint-Cyr, Marie Colombe (1856-1884) religieuse de l’Assomption qui s’est sécularisée en 1869 et Claire née en 1840 qui épousa Ernst Lari, sous-intendant de Bordeaux.
    Enfin, de l’union de Charles (l’ancien Père Hyacinthe) et de Emilie Jane née Butterfield, veuve Meriman naquit un seul fils : Paul Hyacinthe (certains documents parlent de Paul Emmanuel), poète (1873-1921). Celui-ci épousa Laura Bucknell dont il eut quatre enfants : Marthe H. (1900-1987), Jean Tristan Hyacinthe (né en 1902), Charles Laurent (janvier 1907 - mai 1908) et Emilie Pauline Elisabeth, née en 1908.
    [Informations complémentaires par Hélène Denebourg, été 2012]

  • Modalités d'entrées

    Don de Madame Paul Hyacinthe Loyson

  • Numéro(s) d'entrée
    1948-1956
  • Présentation du contenu

    Papiers personnels, correspondances générale et familiale, notamment avec son frère l'Abbé Jules-Théodose (né en 1829) et son fils Paul Hyacinthe (1873-1921), cours, sermons, conférences, mémoires et journaux.
    Manuscrits de tiers:
    - Ms. fr. 3906-3907: papiers de son épouse Emiliy Loyson, née Butterfield et veuve Meriman: correspondances, souvenirs, collection de documents.
    - Ms. fr. 3908-3909: correspondance du Rev. Père John Slattery.

  • Mode de classement

    Par série

  • Modalités d'accès

    Libre depuis 2012

  • Modalités de reproductions

    Selon le règlement

  • Sources complémentaires

    - BGE Facs 47/1
    - BGE Ms. fr. 1056: lettres à J. Adert, rédacteur en chef du Journal de Genève (Manuscrits isolés et autographes)
    - BGE Ms. fr. 9014/11: correspondance adressée au directeur du Siècle

  • Bibliographie

    Loyson, Charles (dit le Père Hyacinthe), "Mon testament : ma protestation, mon mariage, devant la mort", Paris, A. Fayard, [1893]
    Houtin, Albert, "Le Père Hyacinthe dans l’Eglise romaine (1827-1869)", Paris, Libr. Emile Nourry, 1920 (index)
    Houtin, Albert, "Le Père Hyacinthe : Réformateur catholique (1869-1893)", Paris, Libr. Emile Nourry, 1922 (index)
    Houtin, Albert, "Le Père Hyacinthe : prêtre solitaire (1893-1912)", Paris, Libr. Emile Nourry, 1924 (index)
    Portier, Lucienne, "Christianisme, Eglises et religions : le dossier Hyacinthe Loyson (1827-1912) : contribution à l’histoire de l’Eglise de France et à l’histoire des religions", Louvain-la-Neuve, Centre d’histoire des religions, 1982 (Collection Cerfaux-Lefort, 4) (index)
    Bavaud, Georges, "Aux origines de l'Eglise catholique-chrétienne de langue française : la théologie d'Eugène Michaud et de Hyacinthe Loyson", in: Nova et Vetera (1987/3), pp. 122-138
    Vevey, Isabelle de, "En marge du schisme vieux-catholique : le dialogue de l'abbé Charles Raemy avec Hyacinthe Loyson et ses remous dans le diocèse de Lausanne (1873-1877)", in: Revue d'histoire ecclésiastique suisse (1987), pp. 151-190
    Sur son fils : Paul Hyacinthe Loyson : Hill, Norman, "Mystique du libéralisme : vie et oeuvres de Paul Hyacinthe Loyson", Lausanne, Payot, [1950]

  • Note(s) de l'archiviste

    L'inventaire original figure dans le catalogue dactylographié 9, f. 59-81 (Ms. fr. 2861-2979) établi par Bernard Gagnebin, s.d. et dans le catalogue dactylographié 11, f. 204-227 (Ms. fr. 3891-3928) établi par Alain Dufour, Bernard Gagnebin et Marc Cramer, s.d. et dans le catalogue sur fiche des correspondants. Ce dernier a été également utilisé car les descriptions y sont dans le cas présent plus complètes que dans ces catalogues dactylographiés. Ces instruments de recherche ont été intégralement ressaisis, adaptés aux normes ISAD(G), enrichis d'une indexation des personnes et des dates et complétés d'indications biographiques par Hélène Denebourg en 2012.

  • Indexation :
  • Personne(s)
    Loyson, Charles, dit le Père Hyacinthe / Loyson, Emily, veuve Meriman / Loyson, Paul Hyacinthe
  • Collectivité(s)
    Eglise catholique chrétienne de Genève/Eglise des Vieux Catholiques de Rome/Eglise gallicane de Paris
  • Fonction(s)
    Ecrivain catholique-chrétien/Prédicateur/Prêtre/Théologien