Issu d’une famille d’origine provençale mais fixée à Genève depuis le XVIème siècle, Pierre Maurice naît à Allaman (canton de Vaud) le 13 novembre 1868. Il accomplit ses études au Collège de Genève, ville où il s’initie aux rudiments de la musique et où il travaille notamment l’harmonie avec Hugo de Senger. Après une année passée à Stuttgart, il entreprend une formation de banquier, pour satisfaire à la volonté paternelle, tout en prenant des leçons d’harmonie et de contrepoint avec Emile Jaques-Dalcroze. Peu motivé par les métiers de la finance et toujours plus désireux d’entreprendre des études musicales complètes, Pierre Maurice parvient à convaincre son père qui l’autorise, en 1891, à s’inscrire au Conservatoire de Paris. Il y travaille avec Albert Lavignac, André Gedalge et surtout Jules Massenet qui lui enseigne la composition. Il sera également pendant quelques mois l’élève de Gabriel Fauré qui succède en 1896 à Massenet à la classe de composition.
A l’issue de ses études, Maurice est déjà l’auteur de plusieurs mélodies ainsi que de la suite symphonique i[Pêcheur d’Islande]i d’après Pierre Loti qui sera une de ses oeuvres les plus fréquemment jouées. Cependant, se sentant de plus en plus attiré par le théâtre lyrique, il entreprend un drame biblique intitulé i[La fille de Jephté]i (1899) puis, en 1903, il achève i[Le drapeau blanc]i, bref opéra en un acte dont la première représentation a lieu au Théâtre de Cassel. Fervent admirateur de Wagner, le compositeur s’installe en 1900 à Munich. Sa musique ne tarde pas à rencontrer un accueil très favorable en Allemagne où quelques-unes de ses oeuvres scéniques sont créées et parfois reprises dans plusieurs villes. C’est le cas de i[Misé Brun]i - représenté à Stuttgart en 1908 puis donné notamment à Weimar, Cobourg puis au théâtre allemand de Prague - qui obtient d’emblée un vif succès et sera repris quelques fois en Suisse. Pierre Maurice sera moins heureux avec i[Lanval]i, créé à Weimar en 1913, qui disparaît de l’affiche après quelques représentations. La même année, il achève un opéra en trois actes i[Andromède]i qui, suite aux évènements de 1914-1918 ne sera donné qu’en 1923 à Bâle. Les conditions de vie en Allemagne, devenant à cause de la guerre de plus en plus difficiles, le compositeur rentre en Suisse en 1917 et s’installe définitivement dans sa propriété de La Pêcherie à Allaman. Il y écrit notamment deux ballets, plusieurs mélodies, ainsi qu’un ravissant opéra-comique intitulé i[La nuit tous les chats sont gris]i (1923) et une opérette, i[La vengeance de Pharaon]i, qu’il achève en 1935.
[...] Si le théâtre lyrique occupe une place prépondérante dans la production du compositeur, un autre aspect fondamental de son oeuvre est constitué par ses mélodies pour chant et piano dans lesquelles, comme le disait Charles Koechlin « [...] Pierre Maurice a mis, parfois en vingt mesures, le plus caractéristique et le plus vrai de lui-même. ». [...] On peut s’étonner que Pierre Maurice n’ait écrit qu’un seul cycle de mélodies, les i[Sept poésies chinoises]i (parfois connues sous le titre i[La flûte de jade]i) qui occupe une place à part dans son oeuvre. Utilisant des poèmes traduits et adaptés par l’orientaliste Franz Toussaint, ce recueil présente des teintes impressionnistes rares dans la musique de Maurice et comporte des accompagnements pianistiques sensiblement moins chargés polyphoniquement que ceux de ses mélodies antérieures. Le musicien use d’un langage délicatement coloré et traduit avec un merveilleux naturel le caractère intime et familier de ces cours poèmes. Composés vers 1925, les i[Sept poèmes chinois]i, dont il existe une version avec orchestre, constituent sans doute le sommet de l’oeuvre mélodique de Pierre Maurice et ne souffrent pas d’être mis en regard des admirables i[Poèmes chinois]i d’Albert Roussel.
[...] Miné par la maladie depuis plusieurs années, Pierre Maurice s’éteint à Allaman le 25 décembre 1936. (Jacques Tchamkerten, http://pierremaurice.ch, consulté le 11.11.2010)
Pierre Maurice était le grand-père maternel de l’écrivain voyageur Nicolas Bouvier.