Eugène-Albéric Naville (1850-1939), né à Vernier, était le troisième fils de Louis Naville-Todd (1812-1895). Il fit ses études à Genève, Zurich et Mulhouse. Fixé à Paris en 1871, il devint directeur commercial des établissements de colorants Poirier. Plus tard et pendant de nombreues années, il fut l'un des directeurs de la Manufacture de produits chimiques de Saint-Denis.
Certain de l'innocence du capitaine Dreyfus, il s'occupa spécialement, et avec une grande persévérance, de sa défense, de 1897 à 1906. Il publia à ce sujet de nombreux articles dans le "Journal de Genève". Il s'était retiré des affaires en 1900 et habita dès 1902 et jusqu'à sa mort à Cologny, d'abord à Hauterive, chemin de la Côte, puis au Pré Chounex, sur la route de Vandoeuvres. A Hauterive, le capitaine Dreyfus fit à plusieurs reprises des séjours chez lui.
Eugène Naville s'intéressa entre autres, d'abord à Saint-Denis puis à Genève, au problèmes des logements insalubres et économiques. Il fut collaborateur de l'Agence des prisonniers de guerre (il s'était déjà occupé des prisonniers de guerre français en 1870). Il était au nombre des membres fondateurs de l'Association des anciens élèves du Collège de Genève.
Il étudia le problème de Louis XVII et publia notamment une étude intitulée "Louis XVII en Suisse : son ami Frédéric Leschot de Genève" (1905).
Eugène-Albéric Naville épousa en premières noces Mary Thallon, originaire des Etats-Unis, qui mourut après cinq ans de mariage en 1879. Il épousa en secondes noces Hélène Marion (1859-1934). Cette dernière publia, sous le pseudonyme de H. Villemar (où l'on retrouve les noms de Naville et de Marion), chez Stock à Paris, 1898, un ouvrage intitulé "Dreyfus intime" et, en 1899, un "Essai sur le colonel G. Picquart". [D'après Paul Naville, Catalogue dactylographié 29, f. 20]