Le peintre Abraham Constantin (1er décembre 1785 - 10 mars 1855) est né à Genève, fils de Jacob Constantin, marchand, et de Charlotte Elizabeth Rival. Son frère et ami François dirigea, avec Jacques-Barthélemy Vacheron, la maison d'horlogerie qui porte leurs noms encore aujourd'hui.
Dès l'âge de cinq ans, Abraham manifeste un goût prononcé pour la peinture, puis son habileté dans les portraits et les copies de tableaux célèbres. Admis dans un atelier travaillant pour l'horlogerie, il apprend à peindre sur émail. Son départ pour Paris en 1807 et l'entrée à la manufacture de Sèvres le mettent en contact avec la maison royale qui, en mars 1826, lui décerne le titre de Peintre sur porcelaine du Roi (voir la lettre de La Rochefoucauld du 25 mars 1826; Ms. fr. 7216, f. 78-79). Les œuvres qui lui valent sa renommée sont pour la plupart des copies d'œuvres de grands maîtres effectuées à Florence, où il vit de 1820 à 1826 (sous la protection du Prince de Carignan), et à Rome, où il séjourne sept ans entre 1829 et 1840 et où il se consacre, à la requête du Vicomte de La Rochefoucauld, à la copie sur porcelaine des fresques de Raphaël.
C'est probablement ici qu'il conçoit un guide des tableaux italiens à l'usage de voyageurs raffinés amateurs de peinture, à l'aide de son ami Stendhal (auteur de l' "Histoire de la Peinture", parue en 1817 et des "Promenades dans Rome"), avec lequel il vit pendant plusieurs années. Le livre, intitulé "Idées italiennes sur quelques tableaux célèbres", est édité à Florence en 1840, chez Vieusseux.
En 1923, un article de Paul Arbelet, ayant pour titre "Un livre inconnu de Stendhal", paru dans le "Bulletin du Bibliophile", prétend qu'une part importante des "Idées italiennes" serait en réalité de la plume de Stendhal. En effet, cette assertion se fonde sur une note rédigée par Romain Colomb qui a reconnu dans les papiers de son cousin Stendhal quelques fragments autograhes d'un chapitre des "Idées italiennes". Cette note, retrouvée par Arbelet avec les pages de Stendhal (Manuscrit de Grenoble R. 5896, tome 15, p. 66), a été à l'origine de la remise en question de la paternité des "Idées italiennes".
Les manuscrits autographes de la Bibliothèque de Genève où, à la main de Constantin, se surajoutent celles de Stendhal et de plusieurs copistes, témoignent d'un travail incessant à quatre mains pour lequel il est désormais fort difficile de séparer les lignes de Constantin de celles de Stendhal.
[I. Scariati, Catalogue dactylographié 39 (2004)]
[Pour le débat sur la notion d'auteur et l'attribution du texte des "Idées italiennes", voir l'édition publiée par S. Teroni et H. de Jaquelot en 2013.