Né à Genève en 1828, Henry Dunant quitte le collège à 14 ans. Il entame alors un apprentissage (1849) avant de rejoindre l’entreprise d’agents de change Lullin et Sautter. Sensible à la misère, influencé par le mouvement du Réveil, Henry Dunant est actif dans les mouvements philanthropiques et religieux. Il lance à Genève en 1852 l'Union chrétienne de jeunes gens (UCJG) et participe en 1855 à la fondation de l'Alliance universelle des unions chrétiennes de jeunes gens. Employé par la Compagnie genevoise des colonies suisses de Sétif (cofondée par Lullin et Sautter), il est en Algérie dès 1853. Il décide de lancer en parallèle sa propre entreprise et fonde la Société des moulins de Mons-Djémila (1858). Voulant rencontrer Napoléon 3 pour lui présenter ses projets algériens, Henry Dunant le suit en Italie et découvre avec horreur les suites de la bataille de Solférino (1859).
De retour à Genève, il rédige « Un souvenir de Solférino » (1862) où il appelle à créer des sociétés de secours pour les blessés dans les pays européens et à protéger le personnel sanitaire "par un principe international, conventionnel et sacré". L'intervention de Gustave Moynier, président de la Société genevoise d'utilité publique, débouche sur la création en février 1863 d'un Comité international de secours aux militaires blessés (Croix-Rouge), dont Henry Dunant est le secrétaire. A la suite du congrès de statistique de Berlin de septembre 1863 et en prévision de la conférence internationale qui doit se réunir à Genève en octobre, il demande dans une circulaire la neutralisation en temps de guerre des blessés et du personnel sanitaire. En mars 1864, il fonde la Croix-Rouge genevoise puis, avec le soutien de Napoléon III, suscite la création à Paris de la Société française de secours aux blessés. La conférence diplomatique convoquée par le Conseil fédéral à Genève en août 1864 adopte la première convention de Genève, exauçant ainsi le second vœu de Dunant. Celui-ci voyage en Europe pour propager les idéaux de la Croix-Rouge. Mais ses affaires algériennes périclitent et la liquidation, en avril 1867, du Crédit genevois qui leur est lié et dont il est l'un des administrateurs, provoque un scandale. En août 1867, il est sommé de démissionner du Comité international.
En mars 1867, il quitte Genève pour n'y plus revenir. Il redouble d'activité, multiplie les contacts à Paris, en Angleterre, travaille à l'extension de la convention de Genève aux marins, crée une société pour l'amélioration du sort des prisonniers de guerre. Pendant le siège de Paris de 1870-1871, il prodigue des secours aux civils, tente de visiter les prisonniers et de faire libérer les otages. Ses initiatives se déploient aussi dans d'autres domaines: le sionisme, l'instruction (sous la forme d'une bibliothèque internationale universelle). Ruiné, il vit dans la misère jusqu'à l'octroi par son oncle d'une rente annuelle qui lui permet de s'établir en 1887 à Heiden, d'abord à la pension Paradis puis, dès 1892, à la clinique du Dr Hermann Altherr. C'est là que le découvre en 1895 le journaliste Georg Baumberger qui, par ses articles dans la presse suisse et allemande, déclenche un grand mouvement de sympathie. Aussitôt les visites, les secours, les distinctions affluent. Le Conseil fédéral lui décerne en 1897 le prix Binet-Fendt et, en 1901, Henry Dunant reçoit le premier prix Nobel de la paix, avec le pacifiste français Frédéric Passy. Durant ses dernières années, il rédige une histoire des débuts de la Croix-Rouge (traduite en allemand et publiée par son ami le professeur Rudolf Müller en 1897) et un appel au pacifisme resté manuscrit. Personnalité complexe, Henry Dunant a été tour à tour encensé et honni. Il décède à Heiden en 1910.
D'après Jean de Senarclens, "Dunant, Henry", in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), url: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F19082.php, version du 21.02.2006