Né à Genève en 1757, François d’Ivernois commence des études de droit à l'Académie en 1777. Il devient avocat en 1781. Entretemps, il crée en 1779 avec deux associés une société typographique qui entreprend la première édition des œuvres complètes de Rousseau.
A partir de l'âge de 25 ans, François d'Ivernois est de toutes les luttes politiques genevoises. Durant les troubles de 1782, il compte parmi les chefs du parti démocratique des Représentants, qui s'oppose au parti aristocratique des Négatifs, et publie son "Tableau historique et politique des révolutions de Genève dans le dix-huitième siècle", dédié à Louis XVI afin de le rallier à sa cause. A la suite de la restauration de l'oligarchie, il est banni de sa patrie par les plénipotentiaires de la France, de la Sardaigne et du canton de Berne intervenus pour rétablir l'ordre à Genève. Durant son exil (1782-1789), il tente, sans succès, de créer une colonie genevoise en Irlande.
D'Ivernois rentre d'exil en 1790 et reprend sa place au Conseil des Deux-Cents en septembre 1792. Après l'invasion de la Savoie par le général de Montesquiou, il est un des députés chargés de négocier avec ce dernier la convention du 2 novembre 1792 relative à la retraite des troupes françaises des alentours de Genève. Les événements révolutionnaires le jettent dans le camp contre-révolutionnaire, contre le parti des Egaliseurs soutenu par la France, comme le reflète son livre "La Révolution française à Genève" (1794, 2e éd. augmentée en 1795).
A nouveau obligé de quitter Genève, il offre à l'Angleterre ses services de publiciste et de négociateur : il publie pour le Premier Ministre William Pitt de nombreux écrits contre la France révolutionnaire puis contre la France napoléonienne, et joue en même temps le rôle d'envoyé officieux de l'Angleterre dans plusieurs pays, notamment en Russie en 1812. En 1796, il obtient une pension et un titre de chevalier (Knight Bachelor) de George III.
A la suite de la Restauration de la République, il revient à Genève en 1814, est nommé avec Charles Pictet-de Rochemont député de Genève au Congrès de Vienne, et est Conseiller d'Etat de 1814 à 1824.
Sources :
- Valérie Cossy, "Ivernois, François d'", in Dictionnaire Historique de la Suisse (DHS), version du 10 .2.2009, url: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F15893.php
- Otto Karmin, "Sir Francis d'Ivernois, 1757-1842, sa vie, son oeuvre et son temps. Précédé d'une notice sur son père, François-Henri d'Ivernois et sur la situation politique à Genève, 1748-1768". Genève, 1920 (BGE Gf 1891)
Fils de Pierre Delor et de Marguerite Morin Marchinville, Gaspard [Pierre Alexandre] Delor (1753-1840), maître-horloger à Genève, épouse en 1793 Marie d'Ivernois (1763-1833), soeur de François d'Ivernois. L'avocat Phillipe François Delor (1794-1837) est leur fils.