Paul [Renaud] Lambert est né à Châtelaine (Genève) le 13 juin 1918, d’un père français et d’une mère suisse appartenant au milieu ouvrier. Il quitte très tôt l’école pour entrer dans la vie active comme plombier en usine. Rêvant d’un meilleur avenir, il décide de partir à Paris en 1937 où il fait ses premiers pas dans le monde du septième art. Il travaille comme assistant des cinéastes Jean Rouch, Jacques Feyder, Julien Duvivier et Marc Allégret.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Paul Lambert devient reporter de guerre et suit les soldats français sur les routes de la Libération ; il se rapproche d’André Malraux, son commandant d’armée. Quelques années plus tard, il revient à sa passion pour le cinéma et entame une activité d’assistant-réalisateur. Il accompagne ainsi des grands réalisateurs comme Paul-Emile Victor au Spitzberg et en Laponie (1947), Joseph Kessel et Pierre Schoendorffer en Afghanistan (1956). Cette dernière rencontre aboutira à l’œuvre de fiction "La Passe du diable".
Lors du premier rallye Alger - Le Cap (1952), Paul Lambert tombe amoureux de l’Afrique, à laquelle il consacrera par la suite une part importante de ses œuvres : une pièce de théâtre ("Ciel Noir", 1963-1984, dont l’action se déroule en République Centrafricaine) et des films documentaires qui sont un témoignage de la disparition des nomades Touaregs et Peuls-Bororos du bord du fleuve Niger ("Les Hommes du dernier soleil", 1972), et plus tard du peuple pygmée de Centrafrique ("Petite vie", 1976).
Il n’accède véritablement à la renommée qu’en 1962 avec le film documentaire "Fraternelle Amazonie", suivi de la publication d’un livre. Il entreprend plusieurs expéditions en Amazonie et dénonce les atrocités commises à l’encontre des populations indiennes. L’œuvre de sensibilisation de l’opinion publique occidentale à cette tragédie fut probablement le grand combat de sa vie.
En parallèle avec ses multiples activités, Lambert mène une carrière d’auteur dramatique. Ses pièces "Grand printemps" (1944), "Le Clandestin" (1959), "Créon et Antigone" (1963) et "Smara" (1964) sont mises en scène ou en ondes à Genève et représentées en Suisse romande et en France.
Paul Lambert est mort à Genève le 22 mai 2004. A l’automne de la même année, sa compagne Odile Delerot a fait don de ses archives à la Bibliothèque de Genève. Les imprimés, cartes et affiches ont été transmis aux services respectifs de la Bibliothèque. Les objets provenant de ses expéditions ont été confiés au Musée d’ethnographie de Genève.