Jean-Jacques Pittard
Fils du professeur et fondateur du Musée d'ethnographie Eugène Pittard (1867-1962) et de Noëlle Roger (1874-1953), né en 1904, Jean-Jacques Pittard était docteur ès sciences, ingénieur chimiste et prospecteur de mines. Cette qualité le conduisit en missions diverses tant en Europe qu'en Afrique. Il fut aussi ingénieur-conseil de mines d'or et de diamants et chef de missions scientifiques en Afrique centrale. Il était également président d'honneur de la Société Suisse de Spéléologie qu'il avait contribué à créer avec Georges Amoudruz et Emile Buri. Il participa à de très nombreuses expéditions spéléologiques dans des gouffres situés en Suisse et en France et fit de nombreuses découvertes, notamment de lacs souterrains en Valais et d'une station lacustre dans le Léman. Jean-Jacques Pittrad décède en 1985. [tiré de Roger d'Ivernois, Hommage, in: Journal de Genève, 19 juillet 1985, p. 18]
Eugène Pittard
Né à Genève en 1867, Eugène Pittard suivit les cours donnés à l'Université par le professeur Carl Vogt (voir ses notes de cours, Ms. fr. 6282). Quoique sa formation initiale fut celle d'un zoologue, il se tourna vite vers des disciplines nouvelles: l'anthropologie, la préhistoire, l'ethnographie. En 1899, il obtint son titre de docteur ès science avec une thèse consacrée à l'étude des crânes anciens, thèse qui fut suivie de nombreux livres et travaux concernant ce sujet (voir les cahiers de notes et mesures, Ms.fr. 6305-6308). En 1899, il effectua sa première campagne anthropologique dans les Balkans et, dès 1906, il débuta sa carrière de préhistorien en pratiquant des fouilles en Dordogne. Professeur à l'Université dès 1908, il fonda en 1916 la chaire d'anthropologie et de préhistoire de l'Université de Genève. La longue carrière d'Eugène Pittard au sein du Musée d'ethnographie de Genève (conservateur en 1910, puis directeur de 1935 à 1951) en fait une personnalité indissociable de cette institution. Comme le mentionne en 1985 Louis Necker (directeur du Musée d'Ethnographie), "Eugène Pittard créa tout ce qui fait la richesse d'un musée d'ethnographie moderne: de riches collections provenant du monde entier et de chez nous, la recherche scientifique et la publication, les expositions permanentes et temporaires, la documentation iconographique, etc." Travailleur infatigable, Eugène Pittard publia un nombre impressionant d'ouvrages et d'articles (plus de 600), prononça de très nombreuses conférences (voir Ms. fr. 6286-6301), fonda l'université ouvrière, contribua en tant que délégué de la Société des Nations à la fondation de la Croix-Rouge albanaise, etc., etc. En 1949, âgé de 80 ans passés, il donna son dernier cours universitaire et se retira de la direction du Musée d'Ethnographie en 1951 après un demi-siècle d'intenses activités. Eugène Pittard disparaît en 1962. [Adaptation d'un texte de Françoise Pittard, 1991]
Noëlle Roger (pseudonyme d'Hélène Pittard, née Dufour)
Noëlle Roger nait à Genève le 25 septembre 1874. Son père, Théophile Dufour, célèbre paléographe genevois, fut, entre autres, directeur de la Bibliothèque publique et universitaire. Sa mère, Léonie, était la fille d'Henri Bordier, historien français. Dès son enfance, Hélène écrivit des poèmes tout en s'intéressant vivement à la peinture. Des carnets de croquis témoignent de son don. En 1896, son premier roman Larmes d'enfant, parut sous son nom d'artiste, Noëlle Roger. Après un séjour londonien où elle fit son apprentissage de journaliste, elle épousa en 1900 le professeur Eugène Pittard, anthropologue et ethnographe. Commencent alors, au côté de son mari, de longs voyages en Albanie, Turquie, Anatolie, etc. Noëlle Roger en rapporte de nombreux articles ainsi que plusieurs ouvrages: La route de l'Orient (1914), En Asie Mineure (1930), ainsi qu'un roman Princesse de Lune (1929). Noëlle Roger avait écrit déjà plusieurs romans et nouvelles lorsque la guerre de 1914 éclata. Après avoir suivi des cours d'infirmière et obtenu un diplôme, elle partit soigner les soldats à l'Hôpital 101 de Lyon. Le soir, elle transcrivait les paroles des blessés dans ses inséparables petits carnets; ainsi parurent les "Carnets d'une infirmière" qui émeurent profondément les lecteurs comme le témoigne la vaste correspondance reçue à l'occasion de cette publication. Après avoir écrit d'autres ouvrages et romans inspirés de la guerre, parut Le nouveau Déluge en 1922. Puis suivirent une série de romans d'anticipation scientifique: Le nouvel Adam (1924), Celui qui voit (1926), Le soleil enseveli (1928), Le nouvel Lazare (1935). Noëlle Roger écrivit non seulement des romans, nouvelles, comptes rendus de voyages, biographies, des scénarios mais également de nombreuses critiques d'art. D'autre part, elle demeura une journaliste active. En 1948, elle reçu la médaille de l'Académie pour la langue française. Noëlle Roger décède en 1953.