"Noëlle Roger naquit à Genève le 25 septembre 1874. Son père, Théophile Dufour, célèbre paléographe genevois, fut, entre autres, directeur de la Bibliothèque Publique et Universitaire. Sa mère, Léonie, était la fille de Henri Bordier, historien français (voir le texte d'introduction du Fonds Henri Bordier, BGE Ms. fr. 6131-6155).
Dès son enfance, Hélène écrivit des poèmes tout en s'intéressant vivement à la peinture. Des carnets de croquis témoignent de son don réel. Mais comprenant qu'elle devait faire le choix entre ses deux vocations, elle choisit d'être écrivain. En 1896, son premier roman "Larmes d'enfant" parut sous son nom d'artiste: Noëlle Roger (prénom inversé de son frère Léon et prénom de son petit frère Roger).
Après un séjour londonien où elle fit son apprentissage de journaliste, elle épousa en 1900 le professeur Eugène Pittard, anthropologue et ethnographe. Commencent alors, aux côtés de son mari, de longs voyages en Albanie, Turquie, Anatolie, etc. Noëlle Roger en rapporte de nombreux articles ainsi que plusieurs ouvrages: "La Route de l'Orient" (1914), "En Asie Mineure" (1930), ainsi qu'un roman "Princesse de Lune" (1929).
Noëlle Roger avait écrit déjà plusieurs romans et nouvelles lorsque la guerre de 1914 éclata. "Au moment de la déclaration de guerre, j'éprouvai une telle commotion, un tel boulversement, que je sentis que je ne pourrais plus m'intéresser aux thèmes romanesques qui m'absorbaient jusqu'alors". Après avoir suivi des cours d'infirmière et obtenu un diplôme, elle partit soigner les soldats à l'Hôpital 101 de Lyon. Le soir, elle transcrivait les paroles des blessés dans ses inséparables petits carnets; ainsi parurent les "Carnets d'une infirmière" qui émeurent profondément les lecteurs comme le témoigne la vaste correspondance reçue à l'occasion de cette publication.
Après avoir écrit d'autres ouvrages et romans inspirés de la guerre, parut "Le nouveau Déluge" en 1922, roman imaginé après une vision: "J'ai vu l'eau qui montait, submergeant le monde, Il n'y avait plus qu'à écrire le roman." Puis suivirent une série de romans d'anticipation scientifique: "Le nouvel Adam" (1924), "Celui qui voit" (1926), "Le soleil enseveli" (1928), "Le nouveau Lazare" (1935). "Ces quatre ouvrages forment pour moi une sorte d'ensemble au point de vue spirituel". Noëlle Roger s'intéressa également à l'âme enfantine en publiant par exemple "L'Enfant cet inconnu" (1941) et "Peau d'éléphant" (1943). Elle se pencha aussi sur la vie de Jean-Jacques Rousseau, Madame de Staël et Henry Dunant pour nous laisser trois longues biographies.
Travailleuse infatigable, Noëlle Roger ne craignait pas de préparer plusieurs brouillons, de remanier ses copies dactylographiées et corriger encore les épreuves d'imprimerie, afin que ses écrits soient nets, incisifs et percutants. A son talent et son esprit original, se joignent une vaste culture et une curiosité d'esprit insatiable qu'aucune question humaine ne laissa indifférent.
Noëlle Roger écrivit non seulement des romans, nouvelles, comptes rendus de voyages, biographies, mais encore des pièces de théâtre, des émissions radiophoniques, des scénarios ainsi que de nombreuses critiques d'art. D'autre part, elle demeura une journaliste active et prit soin de coller ses innombrables textes dans des cahiers.
En 1948, elle reçu la médaille de l'Académie pour la langue française et mourut en 1953, âgée de soixante-dix-neuf ans." [Notice biographique par Françoise Pittard, 1991]