Robert [Albert Charles] Esnault-Pelterie est né à Paris le 8 novembre 1881 dans une famille d'industriels. Il est décédé à Nice le 8 décembre 1957 après avoir vécu pendant quelques années à Genève.
Esnault-Pelterie est licencié ès sciences physiques de l'Université de Paris en 1902. Récompensé à de multiples reprises, il est notamment lauréat de la Société des Ingénieurs Civils de France en 1908, lauréat de l'Académie des Sciences en 1909, lauréat de la Société Astronomique de France en 1930, membre de la Société Française de Physique, membre de la Société des Ingénieurs Civils de France, membre de la Société Astronomique de France, membre de la Société de Navigation Aérienne, membre de la Commission Interministérielle de l'Aéronautique Civile, président de la Société des Savants et Inventeurs de France, membre de l'Académie des Sciences en 1936 et officier de la Légion d'Honneur.
Robert Esnault-Pelterie commença très tôt, dès 1898, à s'intéresser à l'aéronautique. Il entreprit, en 1901, des études expérimentales sur les surfaces portantes et le moteur. Il devint ainsi l'un des trois ou quatre créateurs dans ce nouveau domaine technique, l'aviation. Il construisit en 1906 un monoplan à moteur à l'avant, innovation extraordinaire pour l'époque. Avec cet appareil, il obtint son brevet de pilote.
En 1908, la médaille d'or de la Société des Ingénieurs Civils de France le récompensa pour sa théorie mathématique du moteur en étoile. Il fut également l'inventeur du levier unique de commande d'un avion: le manche à balai. Sa découverte, copiée et utilisée à de maintes reprises malgré un brevet exclusif, lui valut de longs combats procéduriers.
Ses connaissances approfondies en balistique, en mécanique céleste, en astrophysique, en physico-chimie comme en physiologie le poussèrent à s'intéresser de très près à l'astronautique.
L'étude scientifique d'une chambre à combustion pour fusée mue par moteur à réaction offrant la possibilité de s'arracher à la gravité terrestre, fut abordée par Robert Esnault-Pelterie en 1907 déjà. Le 15 novembre 1912, il fit date par une communication sur le sujet à la Société Française de Physique, sous le titre prudent de "Considérations sur les résultats d'un allégement indéfini des moteurs". Il n'osait pas en ce moment historique donner un titre trop anticipatoire à sa conférence par crainte d'effrayer ses auditeurs.
Le 8 juin 1927, il commenta une conférence sur invitation de la Société Astronomique de France ayant pour titre "L'exploration par fusées de la très haute atmosphère et la possibilité des voyages interplanétaires" soulevant bien des controverses dans la presse et les milieux autorisés. De cette conférence l'on tira un premier ouvrage publié en 1928.
En 1930, il publie un second livre, sous le titre définitif "L'astronautique" constituant avec "L'astronautique (complément)" publié en 1935 la base fondamentale de toutes les publications éditées ultérieurement ayant trait aux fusées. Dès lors, il poussa fort loin sa théorie scientifique sur un dispositif de propulsion capable de transporter des êtres vivants dans notre proche univers. En 1930, il réalisa au banc, des essais qui donnèrent 300 kg de poussée pendant 55 secondes. Ces résultats correspondaient à une fusée d'un poids initial de 100 kg pouvant atteindre une altitude de 100 km.
Il fut avec le Général Ferrié (président de la Société Astronomique de France) l'un des premiers à avoir envisagé l'utilisation de l'énergie atomique comme combustible pour fusées et l'un des premiers savants à affirmer "que peut-être, dans un jour prochain, l'humanité saura disposer de la formidable énergie atomique".
Il exerça son savoir et son effort dans tous les domaines de l'application des sciences : électricité, mesures thermo-électriques, magnétisme, viscosité, compressibilité, hystérésis élastique, phénomènes thermodynamiques, explosifs.
Vers le milieu de l'année 1914, l'imagination active de Esnault-Pelterie le porta à se préoccuper de l'utilisation de l'énergie fournie par les marées. Cette géniale idée l'obligea à une étude très poussée. Sachant que l'énergie utilisable dans les marées est discontinue, il était impossible de songer à emmagasiner par quelque procédé que ce soit une aussi grande quantité de travail. L'ingénieur trouva un procédé de vidage et remplissage de deux bassins par lesquels on pouvait obtenir une puissance constante. Ce fut l'objet d'un brevet le 25 mai 1915.
La passion de la mécanique automobile dirigea ses recherches dans l'élaboration des théories suivantes : le moteur balistique, le dispositif de liaison des bielles, la pompe à percussion, la transmission hydraulique de puissance, l'embiellage, la suspension automobile, le changement de vitesse, le démarreur, la servo-direction, etc.
Enfin, de 1949 jusqu'à sa disparition en décembre 1957, Esnault-Pelterie orienta les études et la mise au point d'un appareil pour "électro-chocs" destiné au traitement des maladies nerveuses. Cet appareil fut doté d'un dispositif électronique régulant l'administration au patient d'une succession d'impulsions électriques douces.
[D'après Géraud Garcia, catalogue dactylographié 37, f. 59-61]